Monsieur le Maire,
Chers collègues,
Chers Montreuillois, chères Montreuilloises,
Nous votons ce soir une convention de coopération financière entre notre ville, Est Ensemble, et l’ALEC-MVE pour mettre en œuvre le service public local de la rénovation de l’habitat. Il s’agit là, à la fois d’un sujet technique mais aussi et surtout d’un acte politique fort.
Un acte qui touche à l’essentiel : celui de notre capacité collective à faire reculer la précarité énergétique, à lutter contre le dérèglement climatique et à offrir des logements dignes à toutes et tous.
Car soyons lucides : nous sommes aujourd’hui très loin du compte. Quand, la France compte encore 5,2 millions de passoires thermiques nous avons à Montreuil 27 % des habitats individuels classés F ou G selon les diagnostics de performance énergétique disponibles.
Ce sont autant de foyers mal chauffés, mal isolés, exposés aux factures d’énergie qui explosent. Ce sont aussi des milliers de nos concitoyens qui vivent dans des conditions indignes, souvent en silence, parfois dans la honte.
Et pourtant, la rénovation énergétique est présentée par l’État comme une priorité. En théorie seulement. Car dans les faits, les changements de règles, de guichets, de financements se succèdent dans un désordre insupportable. Les agences locales comme l’ALEC-MVE, pourtant en première ligne, doivent sans cesse s’adapter à des calendriers changeants et des circuits de financement toujours plus complexes.
Le désengagement de la Région Ile de France, le gel de MaPrimeRénov’ sont d’autres d’obstacles au développement d’une stratégie dynamique de rénovation du parc résidentiel privé.
Le dernier de ces changements instaure le SPRH – Service public de rénovation de l’habitat – qui nous concerne aujourd’hui. L’État a décidé en 2024 que les financements dédiés à la sensibilisation et à l’information et au conseil des particuliers pour les inciter à engager des travaux sur leurs logements, en propriété individuelle ou collective, précédemment attribués directement par l’Anah – Agence nationale de l’habitat – aux opérateurs de ces services – en particulier les Agences Locales de l’Energie – passeraient désormais par les collectivités. Si le principe d’une plus grande responsabilisation des collectivités est louable, la mise en œuvre de ce nouveau dispositif a été pour le moins chaotique, mettant à mal les opérateurs traditionnels, notamment l’ALEC-MVE sur notre territoire.
Rappelons qu’en 2024, ce sont près de 460 ménages montreuillois qui ont été accompagnés par notre ALEC, dont une majorité via des conseils personnalisés. Ce sont aussi 83 nouvelles copropriétés qui se sont engagées dans une démarche de rénovation. Ce sont enfin des actions concrètes contre la précarité énergétique, avec un accompagnement renforcé pour les ménages aux revenus très modestes.
Dans ce contexte, le partenariat renouvelé avec Est Ensemble et l’ALEC-MVE dans le cadre de la convention qui vous est présentée prend tout son sens. Il garantit la continuité d’un accompagnement de proximité pour les habitantes et habitants de Montreuil.
Nous nous sommes efforcés en déclinant sur notre territoire la réforme imposée par l’État, d’une part à préserver l’ALEC-MVE outil indispensable de nos politiques environnementales, d’autre part à contenir les contributions financières des communes d’Est Ensemble, et donc de Montreuil, dans le contexte budgétaire difficile que nous connaissons.
Nous nous efforçons aussi d’installer, à l’occasion de cette réforme des circuits de financement, un nouveau dispositif qui nous permettra de nous rapprocher de nos ambitions en matière de rénovation du parc résidentiel privés.
Ainsi nous renforcerons l’efficacité de notre guichet France Rénov’, nous développerons les coopérations avec les bailleurs, les syndics, les artisans, pour mieux intégrer les enjeux de santé, de qualité de l’air intérieur, de confort d’été, dans les diagnostics et les solutions proposées. Enfin, nous travaillerons à promouvoir des dispositifs d’avance sur subvention pour faciliter l’engagement de travaux par les ménages les plus modestes.
Et il faut aller plus loin encore. Chaque projet de rénovation qui ne se fait pas est une occasion manquée : manquée pour le climat, manquée pour le pouvoir d’achat, manquée pour la justice sociale.
Mais pour accélérer, il nous faut des moyens à la hauteur des enjeux. Les collectivités seules ne peuvent pas tout. Il est urgent que l’État cesse de se défausser sur les communes et les intercommunalités. Il est urgent de sécuriser les financements pérennes des ALEC. Il est urgent de simplifier les dispositifs, de renforcer les accompagnements, et d’arrêter de changer les règles du jeu tous les six mois.
Je veux ici saluer le travail remarquable mené par l’ALEC-MVE présidée par notre collègue Mireille Alphonse. Saluer également l’implication des services municipaux et ceux d’Est Ensemble, pour leur engagement sur ce sujet majeur.
Mes chers collègues, en votant cette convention, nous affirmons notre volonté de tout faire pour tenir nos engagements climatiques et nous rappelons que la rénovation de l’habitat, est une condition essentielle d’une transition écologique juste. Nous disons aussi à nos habitantes et habitants que leur confort, leur santé, leur dignité, comptent pour nous. Nous faisons le choix de la coopération, du service public, de la proximité. Et nous rappelons, avec force, que sans un État stratège et solidaire, les ambitions locales se heurteront toujours au plafond de verre de l’impuissance. Montreuil prend sa part. À l’État désormais de prendre la sienne.
Je vous remercie.