Intervention de Mireille Alphonse sur la Stratégie Alimentaire Territoriale · 12/02/2025

Monsieur le Maire,
 

Mesdames et Messieurs mes chers collègues,
 

Chères Montreuilloises et chers Montreuillois, 

La Stratégie Alimentaire territoriale (SAT) que je vous présente ce soir est le fruit d’un travail qui aura duré plusieurs années, mais qui présente à mes yeux le mérite essentiel d’avoir été élaboré de façon particulièrement collective.  

En effet, dès 2020, lorsque M. le Maire m’avait confié cette délégation de la « démocratie alimentaire », nous avions posé notre vision : une question aussi vitale que l’accès à une alimentation de qualité, adaptée à chaque âge de la vie, doit être traitée en permettant à chacun de donner son avis, d’expliquer ses difficultés et, s’il ou elle le souhaite, de participer à l’élaboration de nouvelles actions.  

Je suis ce soir particulièrement heureuse de pouvoir affirmer que de nombreux citoyennes et citoyens de notre ville ont contribué concrètement à cette SAT. Heureuse et pleine de gratitude envers ces membres d’associations de quartiers ou représentants d’ONG nationales, ces collectifs d’habitants, ces universitaires – chercheurs, ces entrepreneurs, sans oublier mes collègues et leurs services : toutes ces personnes qui ont permis de réaliser ce document très riche. Le 7 novembre dernier, nous étions une 50aine en salle des fêtes pour « officialiser » cet engagement commun et lancer ensemble notre « CLAM » : le Conseil local de l’alimentation de Montreuil.  

Le droit à l’alimentation recouvre plusieurs champs de l’action publique. Il doit répondre à plusieurs enjeux :   

– un enjeu vital de l’accès à une nourriture en quantité suffisante en fonction de son âge ; 

– un enjeu de santé publique : pouvoir accéder à une nourriture qui ne rende pas malade ; 

– un enjeu de justice sociale : pouvoir se nourrir sainement et en quantité suffisante quels que soient ses moyens financiers ; 

– un enjeu de robustesse – ou de résilience – de nos systèmes d’approvisionnements en milieu urbain ; 

– un enjeu de sobriété et de lutte contre le gaspillage alimentaire ;  

– un enjeu économique pour tous les producteurs : si nous voulons pouvoir nous nourrir sainement, il faut que les paysannes et paysans qui produisent nos aliments puissent eux-mêmes vivre correctement de leur travail. Les différentes crises du monde agricole nous ont montré que ce dernier point était loin d’être effectif dans  nos territoires ruraux. 

Nous avons donc élaboré cette SAT en posant le diagnostic, les ambitions politiques et en les décrivant au sein de fiches actions que vous pouvez découvrir dans le document qui vous est présenté ce soir. 

Elle s’articule ainsi autour de trois axes : la justice sociale et la démocratie alimentaire ; la santé et le bien-être par l’alimentation, un système alimentaire résilient et respectueux de l’environnement. Par ailleurs, elle s’inscrit en cohérence avec les Plans alimentaires du département et de la Métropole du Grand Paris : deux collectivités avec lesquelles nous avons déjà engagé des coopérations fructueuses.  

Aujourd’hui, certaines des actions sont déjà effectives. Parmi elles : la promesse, tenue, de faire revenir en gestion publique les quelque 9000 repas servis chaque jour dans nos cantines scolaires, ainsi que dans les crèches. Depuis août 2024, nous sommes adhérents au Syndicat Table Commune, ce qui va nous permettre d’organiser la livraison des repas en contenants réutilisables et nous permet déjà de proposer deux repas végétariens par semaine, de développer l’achat de fruits et légumes bio grâce à l’adhésion à la Coop Bio d’Ile-de-France – et tout ceci en évitant l’emballant financier des prix exigés par le privé.  

Nous avons également créé la CASAAM – Coordination des acteurs et actrices sociaux de l’aide alimentaire de Montreuil – qui rassemble les structures mobilisées auprès des familles les plus fragiles au plan financier. Avec certaines de ces structures et en coopération avec le CCAS (que je remercie très sincèrement), nous sommes en train d’étudier la prochaine mise en place d’une plateforme de stockage et de distribution alimentaire qui aura pour objectif  de proposer des produits sains à des prix correspondant aux pouvoir d’achat des familles.  

Avec le département de Seine-Saint-Denis et l’ONG ACF, nous avons mis en place l’expérimentation Vital’Im et le projet Passerelle Plus dont nous avons déjà parlé ici, qui nous ont permis d’aider plusieurs centaines de personnes.   

Via l’engagement de notre centre social Grand Air, du budget participatif au Morillon (dans le centre Esperanto) ou en soutenant certaines associations (Lez’Arts dans les Murs, Le Sens de l’Humus, Récolte Urbaine par exemple), nous développons une politique de création de cuisines collectives dans les quartiers afin de répondre à la demande de celles et ceux qui n’en ont pas et de contribuer au renforcement de liens sociaux.  

Je ne peux pas être exhaustive ici, mais je termine en vous disant juste que cette stratégie est évidemment en évolution permanente et qu’elle sera complétée au fur et à mesure des travaux du Clam – et en fonction de nos moyens ! Une chose est sûre : la politique alimentaire de notre ville est désormais collective et active ! 

Je vous remercie.