Intervention sur le Budget 2024 · Djamel Leghmizi

Monsieur le Maire,

Chers collègues,

Chères Montreuilloises et chers Montreuillois,

Comme chaque année, il nous est proposé en ce mois de mars de voter le budget de notre ville. En ces temps lourds de menaces et de difficultés aux plans locaux, nationaux et internationaux, notre groupe EÉLV – Montreuil Écologie estime qu’il est plus que jamais nécessaire de parler vrai et d’expliquer les raisons de notre positionnement.

Un budget engage en effet non seulement une collectivité sur les actions qu’elle a à mener au cours de l’année qui s’annonce, mais aussi sa capacité à développer des projets plus importants, structurants sur le moyen-long terme.

Disons-le clairement : la situation financière de la ville est difficile. Nous avons été impactés par l’effet ciseaux de la hausse de l’inflation d’un côté et du moindre engagement de l’État de l’autre. Ceci, alors que nous devons garantir la qualité du service public, avec des moyens suffisants pour les nécessaires transitions sociales et climatiques.

C’est pour cela que nous sommes obligés d’actionner, avec modération, les quatre leviers à notre disposition pour construire ce budget : la fiscalité, l’endettement, les dépenses de fonctionnements et les dépenses d’investissements. Voilà le cadre dans lequel nous avons dû prendre des décisions. Comme toutes les décisions difficiles, celles qui vous sont présentées ce soir appellent de notre part des réactions positives et des avis plus nuancés.

Commençons par les regrets et les points de vigilance pour l’avenir.

La réduction des dépenses de fonctionnement : nous les réduisons de 500 000 €. En l’occurrence, cette baisse touchera la masse salariale de la ville. C’est une décision difficile et elle nous interroge concernant les forces vives dont certains des services de la ville sont insuffisamment pourvus.

Le service de la médiation, par exemple, est trop réduit pour une ville de notre taille, alors que les besoins en médiation sont de plus en plus importants, notamment auprès des jeunes – notamment sur « Cultiver la paix : savoir faire avec nos conflits, ça s’apprend ! »

À titre d’exemple, le service médiation sociale de la ville de Clichy, forte de 65 000 habitants, dispose de 14 médiateurs, soit + du double que notre ville, pour une population quasiment deux fois élevée.

Quant aux ressources humaines dédiées aux différents secteurs des transitions écologiques, ils sont sous-dotés pour répondre suffisamment aux besoins de la ville et à nos ambitions politiques. Il ne suffit pas de déclarer l’état d’urgence climatique, il faut aussi affecter les moyens nécessaires aux transitions !

La fiscalité : il nous est proposé ce soir d’augmenter le taux de la taxe foncière de 5 %. Nous allons voter cette augmentation.

Cependant, en pesant les pour et les contre de cette décision, notre groupe affirme qu’il aurait été intéressant de porter ce taux à 7 %, si les 2 % d’écarts avaient été fléchés vers la rénovation énergétique du bâti de la ville – et notamment celles de nos écoles qui ne font pas encore l’objet d’une réhabilitation.

Cette différence en effet aurait demandé un effort supplémentaire d’environ 50€ par an aux familles (pour un ménage vivant dans un 50m²), mais, dans les prochaines années, elle aurait été garante d’une meilleure qualité de vie pour les élèves et la communauté éducative de groupes scolaires en l’attente de rénovation.

Agir pour le climat aujourd’hui, c’est agir pour le porte-monnaie de la municipalité et le bien vivre des habitants demain !

Les investissements. Je souhaite ici pointer le trop faible niveau des moyens apportés à la délégation dont j’ai la charge : l’entretien de la voirie. En raison de nombreux facteurs – mouvements des sols montreuillois, augmentation du passage de camions liés aux chantiers du haut Montreuil, etc. – la voirie montreuilloise est en mauvais état.

Je sais à quel point la réfection de cette voirie est onéreuse, mais j’alerte sur le trop faible niveau d’investissement du service : certains points de rencontres entre piétons, cyclistes, automobiles et camions sont  accidentogènes en raison de profonds nids de poules apparus au cours des derniers mois.

Dernier point sur lequel nous souhaitons insister : l’absence de budget genré dans ce qui nous est présenté. Montreuil était précurseure sur ce dossier, qui est nécessaire afin d’évaluer concrètement nos politiques publiques au prisme du genre ! Nous souhaitons que ce travail puisse être repris dans les prochains mois.

J’en viens aux motifs de satisfaction.

La dette : nous prenons la décision d’un endettement limité, pour avoir une hausse contrôlée du coût des intérêts sur le budget de notre ville. Dans les prochaines années, nous devrons rester vigilants sur le taux d’épargne de notre ville.

L’investissement : malgré un budget contraint, nous maintenons un cap clair en faveur de la transformation de l’espace public dans notre ville. Nous pouvons nous réjouir d’un certain nombre de projets attendus par nos concitoyens et qui seront réalisés : le réaménagement de la Croix de Chavaux, les programmes de désimperméabilisation des sols et de plantation d’arbres sont deux exemples marquants.

Nous sommes aussi très satisfaits que la ville décide d’affecter pour 2024 75 000€ à la gestion de la pollution aux Murs à Pêches ! Nous remercions le travail de Mme. Sidonie Peyramaure sur cette question.

Nous sommes également heureux de voir que les rénovations des écoles Georges Méliès dans Haut-Montreuil, du groupe scolaire Diderot proche de la Mairie et du réfectoire du groupe scolaire Anatole France puissent être menées à terme.

Dans le domaine scolaire, le retour en gestion publique de la restauration collective a permis de freiner la hausse du coût des repas : en effet, la SOGERES (ancien prestataire pour les repas des cantines scolaires) voulait augmenter de 20 % ses tarifs cette année, et les augmenter encore l’année prochaine ! En passant à 4,14 € de coût du repas, nous avons limité cette hausse. Elle aurait sinon été de 20 centimes de plus.

Dans le domaine culturel, le cinéma intercommunal Le Méliès n’a que peu augmenté ses tarifs, permettant de garantir un accès abordable à la culture.

Pour ces différentes raisons, et malgré les difficultés mentionnées, le groupe EÉLV-Montreuil Écologie votera en faveur du budget !

Chers collègues, je vous remercie pour votre attention.