Intervention suite à la présentation du rapport d’activité 2022 de l’Etablissement public territorial Est-Ensemble

Nous pouvons être satisfait de la présentation du rapport d’activité d’Est-Ensemble, ce dernier souligne notre volonté d’agir pour que, dans les années qui viennent, notre territoire réponde aux attentes des habitants, tout en prenant en compte les évolutions auquel l’Est parisien est soumis. Mais pour mener à bien nos ambitieux projet nous avons besoin de mettre les moyens financiers et humains

Conseil municipal du 6 décembre 2023

Monsieur le Maire,

Mesdames et Messieurs mes Cher.e.s collègues,

Chères Montreuilloises et chers Montreuillois,

Le rapport d’activité d’Est-Ensemble souligne notre volonté d’agir pour que, dans les années qui viennent, notre territoire réponde aux attentes des habitants, tout en prenant en compte les évolutions auquel l’Est parisien est soumis. Ces évolutions sont à la fois locales – impact des Jeux Olympiques et Paralympiques de 2024, déploiement des systèmes de transport métropolitain, reconfiguration des abords du périphérique… mais aussi globale, précarisation économique du fait d’une inflation mal contrôlée, et bien évidemment impact du dérèglement climatique dont les effets ne font que renforcer les inégalités.

Cette préoccupation écologique et sociale est essentielle dans un territoire souffrant d’un taux de pauvreté élevé (27% vs 18% pour le grand Paris). Plus d’un tiers de la population vit dans des quartiers politique de la ville marqués par une précarité accrue, et un accès difficile aux transports collectifs et aux infrastructures sportives ou culturelles… Le taux de chômage est plus élevé sur Est Ensemble (17%) que la moyenne métropolitaine (13%) et cet écart s’accroit chez les jeunes dans un département dont l’indice jeunesse est bien supérieur à celui de la métropole.

La priorité donnée à la recherche d’une plus grande justice sociale, et à la promotion d’un environnement plus sûr et plus sain est donc tout à fait pertinente. Cependant, nous questionnons l’adéquation entre ces ambitions et les moyens humains et financiers mobilisés pour tenir ces engagements.

Au nom du groupe Écologistes et Citoyen, tout en saluant certains progrès structurants, je concentrerais mon propos sur quelques sujets plus saillants.

En matière d’économie, nous saluons les efforts engagés avec le déploiement de plusieurs dispositifs – Plan régional pour l’insertion de la jeunesse, Matins de l’emploi, Territoire zéro chômeur de longue durée, etc. Mais nous nous étonnons de l’absence d’action spécifique à destination de notre ville – rien n’est mentionné page 15 du rapport 2022 – bien que Montreuil ait, en la matière, des besoins conséquents.

L’installation de la régie publique de l’eau est certainement une avancée majeure. Elle permettra, dès 2024, de contenir la hausse du prix de l’eau que connaissent d’autres collectivités, et nous pouvons espérer que le tarif progressif incitera les plus gros consommateurs, notamment les grandes entreprises, à économiser cette précieuse ressource. L’enjeu est bien de rendre plus équitable la tarification de l’eau.

L’adoption récente d’une Charte de l’agriculture urbaine est aussi un atout pour Est Ensemble. Il serait intéressant d’explorer comment la stratégie alimentaire territoriale formulée à Montreuil pourraient aider au déploiement de nouvelles initiatives, au-delà des appuis apportés aux fermes urbaines, et contribuer ainsi à tenir un des objectifs qui vous est cher, Monsieur le Maire, l’accès pour toutes et tous à une alimentation vraiment durable.

Nous notons aussi les progrès du Plan Arbre et du Grand Chemin. Cependant nous devons rappeler que l’objectif d’atteindre 10m2 d’espace vert par habitant et encore très loin et surtout nous insistons pour souligner que la plantation d’arbres ne permet pas de réduire nos émissions de gaz à effet de serre. Cette renaturation contribue à la constitution d’ilots de fraicheur et sert l’adaptation au changement climatique, mais l’effet de séquestration de carbone reste très limité par rapport aux grands postes d’émission que constituent les transports et les bâtiments.

Dans les secteurs du bâtiment et du logement, nous saluons les actions structurantes que sont l’installation d’Est Ensemble Habitat et de l’Office foncier solidaire. Tout comme nous saluons les programmes de rénovation du patrimoine public qui ont bien servi notre commune avec les travaux du conservatoire d’intérêt départemental, de la bibliothèque Robert Desnos et du stade nautique Maurice Thorez qui constitue une véritable plus-value environnementale et sociale.

Cependant, le principal levier de réduction des émissions de gaz à effet de serre du secteur bâti est ailleurs. Il faut considérablement renforcer la rénovation du parc résidentiel privé. L’atteinte des objectifs du plan climat air énergie territorial adopté la semaine dernière par Est Ensemble constitue un énorme challenge. Il faut passer de d’environ 1000 logements qui devraient être rénovés dans les 5 ou 7 prochaines années (donc 150 à 200 logements par an), à la rénovation effective de 4000 logements par an (théoriquement dès 2024).

J’ai mission d’élaborer la feuille de route d’Est Ensemble pour la rénovation énergétique de ce parc privé résidentiel. Les difficultés rencontrées dans cet exercice du fait de ressources humaines limitées et l’absence de perspectives sur les moyens qui seront réservés à ce programme nous préoccupent, qui plus est, dans une direction de l’habitat qui reste sans pilote depuis le départ de madame Esposto.

Laisser penser que nous pourrons tenir cette augmentation très considérable des objectifs « à moyen constant » est totalement illusoire.

Cette préoccupation illustre l’interrogation que nous pouvons formuler de manière transversale à la lecture du rapport d’activité d’Est Ensemble : avons-nous les moyens de nos ambitions ? Ou en d’autres termes : ne serait-il pas nécessaire de reconsidérer les arbitrages qui ont dicté jusque-là la répartition des ressources de la collectivité ? Pourrons nous remplir nos objectifs sociaux et écologiques en ne réservant que 2% du budget au secteur de l’habitat, en comparaison du sport à 13% ou de la culture à 26% ? Certes tout est important, mais nous devons faire des choix et faire des choix signifie aussi renoncer.

Enfin, au-delà des arbitrages budgétaires nous faisons l’hypothèse qu’il existe encore des marges de manœuvre pour optimiser la mise en œuvre des politiques publiques territoriales en améliorant l’articulation des actions conduites par les services d’Est Ensemble avec celles assurées par les communes. Nous avons bien noté les initiatives prises pour promouvoir le travail « en collectif ». Nous pensons qu’il faut renforcer ces efforts pour gagner en efficience dans la mise en œuvre de nos politiques.

Nous insistons donc pour que les moyens budgétaires qui nous permettront de tenir nos engagements soient rapidement précisés et pour que les modalités de travail entre Est Ensemble et les communes soient encore optimisés. C’est à ces deux conditions que nous pourrons demain espérer satisfaire au mieux les besoins et les attentes des habitantes et des habitants de notre commune et des autres communes engagées à nos côtés.

Je vous remercie de votre attention