Conseil municipal du 8 février 2023
Monsieur le Maire,

Chers collègues,
Chères montreuilloises et chers montreuillois,
Le ROB est comme chaque année l’exercice qui nous donne les éléments de contexte nécessaires pour comprendre et appréhender les environnements économiques, budgétaires et financiers de la commune et ainsi débattre des grandes orientations budgétaires de notre ville pour l’année en cours.
À ce titre, nous sommes obligés de souligner que même si beaucoup d’éléments font que les années se suivent hélas elles ne ressemblent pas car nous constatons une montée en puissance des difficultés.
2022 et désormais 2023 nous obligent à affronter plus encore :
- L’augmentation du point d’indice pour les fonctionnaires, qu’évidemment nous approuvons, mais qui n’a pas été compensé intégralement par l’État ;
- L’inflation nouvelle à deux chiffres, qui pèsent lourdement sur des postes aussi essentiels que le chauffage dans nos équipements publics ou les repas de la cantine scolaire ;
- L’augmentation des taux d’intérêt ;
- Et enfin l’impérieuse nécessité d’engager notre ville sur le chemin des transitions écologiques pour limiter le dérèglement climatique et s’adapter aux changements déjà à l’œuvre.
En résumé, alors que nos recettes devraient progresser d’environ 6 millions d’euros en 2023, nos dépenses devraient, elles, s’élever à plus de 10 voire 15 millions d’euros… Cette incertitude étant liée à la hausse de la facture énergétique.
Pour autant, malgré toutes ces difficultés, nous avons choisi, avec nos collègues de la majorité, de maintenir la stratégie qui est la nôtre depuis plusieurs années :
– A savoir maintenir la qualité du service public ;
– soutenir les activités éducatives, culturelles et sportives ;
– anticiper et adapter notre ville au changement climatique.
Mais ces coûts, d’adaptation au changement climatique, sont particulièrement élevés et comme nous ne cessons de le répéter, la France est insuffisamment préparée aux conséquences du dérèglement climatique qui deviennent chaque année plus tangible.
En conséquence de nombreux chantiers d’adaptation devront donc être engagés sur nos territoires dans les années à venir.
Parmi les postes responsables des émissions de gaz à effet de serre sur notre territoire nous citons : le bâti et ses aspects énergivores. Il s’agit pour nous toutes et tous d’accélérer la rénovation thermique des bâtiments.
Dans le parc privé, Est Ensemble rappelait la semaine dernière que pour se conformer aux obligations règlementaires, 100 % du parc de logements existants devrait être rénové d’ici 2050. Cela répond évidemment à des exigences de justice sociale indissociables auxquelles nous tenons !
Ceci, dans un contexte où, loin d’aider suffisamment les collectivités à développer le service public local de l’énergie, l’État ne dit toujours pas comment vont être financés l’accompagnement des ménages à travers le dispositif France Rénov porté par l’Alec (agence locale de l’énergie et du climat) MVE, à partir de janvier 2024 !
Malgré cela, avec l’Alec justement et avec nos partenaires d’Est Ensemble, de la Métropole du Grand Paris ou de l’Agence nationale de l’amélioration de l’habitat (Anah) nous sommes bien décidés à trouver les voies du déploiement nécessaire de cet immense chantier.
Le parc public est quant à lui soumis au « décret tertiaire » de 2019. En effet, les bâtiments publics de plus de 1 000 m2 devront être rénovés pour améliorer leur consommation énergétique de 60 % en 2050, par rapport à 2010. Un chantier colossal que partagent toutes les collectivités de France et qui concerne les écoles, les équipements sportifs, culturels, les bâtiments administratifs, etc.
Pour Montreuil, malgré les mises en chantier ininterrompues depuis 2008 dans les écoles, cela signifie encore un poste de 9 millions d’euros par an jusqu’en 2050. Un budget dont nous ne disposons pas, hélas ! Pour autant nous poursuivons avec volontarisme la rénovation de nos écoles. Actuellement, ce sont les groupes scolaires Diderot et Estienne d’Orves qui sont en cours de rénovation.
La crise énergétique actuelle a pour conséquence une augmentation littéralement insupportable des factures d’électricité et de gaz, et plus particulièrement pour les entreprises dites de « bouche ». Certaines d’entre elles ont vu leurs factures être multipliées par 3, 4, 5 en un an, menaçant ainsi leur viabilité et les emplois qu’elles proposent.
Mais plutôt que de subir sans option de secours, nous voulons développer l’accès aux énergies renouvelables – photovoltaïque et géothermie – et aider ainsi notre territoire à être moins dépendant des fluctuations du marché international de l’énergie. La hausse du prix de l’énergie est de plus amplifiée par la spéculation propre à tous les marchés « sous tension ». L’électricité ou encore l’énergie n’étant pas des biens stockables et les besoins du marché, en l’occurrence ceux des industriels et des consommateurs, variant d’heure en heure, le prix varie lui aussi en même temps. Rappelons tout de même que la France était encore il y a trois ans le premier exportateur d’électricité au monde. Si, depuis plusieurs mois le pays a dû importer de l’électricité, c’est parce 32 des 56 réacteurs nucléaires que compte le territoire étaient pour des périodes prolongées de maintenance et des vérifications de sécurité.
Mais, nous ne pouvons simplifier ce problème énergétique, à un simple problème technique. Les incertitudes sur le fonctionnement des centrales nucléaires, la crise du gaz, amplifiée par la guerre en Ukraine et les besoins croissants en électricité avec la transition énergétique, ont modifié les rapports de force entre les producteurs européens et entre les divers fournisseurs d’énergie fossile
La crise climatique a plusieurs effets très tangibles dans notre ville. Qualité de l’air, pollutions des sols, canicule, sécheresse, chute de la biodiversité… Mais avec le “plan arbres” et ces 5 000 arbres plantés dans notre ville au cours des prochains mois, les places de voiture dé-bitumées, les pieds d’arbres entourés de pleine terre, tout cela est partie intégrante d’une politique faisant le choix de créer de nouveaux espaces de fraîcheur, des puits de carbone, des refuges pour la faune locale et de nouveaux périmètres où par exemple l’eau de pluie pourra atteindre les nappes phréatiques plutôt que de ruisseler vers les bouches de métro.
Dans la période difficile que nous traversons, nous sommes conscients que pour bien faire, il faudrait avoir les moyens de faire plus. Mais vous l’aurez compris, nous ne baissons pas les bras et continuerons à agir selon deux axes : développer tout ce qui peut l’être avec les moyens à notre disposition et nous battre aux niveaux supra pour faire entendre les besoins qui s’expriment dans notre ville et obtenir, nous l’espérons, plus de moyens pour agir.
Je vous remercie