Maintenons un haut niveau de service public : écoles, lutte contre la précarité énergétique, rénovations, transition alimentaire…

Conseil municipal du 9 février 2022 Intervention d'Anne-Marie Heugas sur la délibération n°1 : débat sur les orientations budgétaires 2022

Conseil municipal du 9 février 2022

Intervention d’Anne-Marie Heugas sur la délibération n°1 : débat sur les orientations budgétaires 2022

Monsieur le Maire,

Cher·e·s collègues,

Chères Montreuilloises, Chers Montreuillois,

Mesdames, Messieurs,

Le rapport d’orientation budgétaire qui nous est présenté ce soir est un document politique, très politique, même si ça ne saute pas forcément aux yeux et que sa lecture peut paraître de prime abord essentiellement technique.

En effet, c’est à l’aune des choix budgétaires que nous constatons les priorités politiques, c’est-à-dire les choix que fait notre municipalité, pour répondre aux besoins et aux attentes des habitant·e·s, pour améliorer la vie quotidienne, mais aussi préparer l’avenir.

Disons-le tout de suite, la perspective de préserver un niveau d’investissement de 32 à 35 millions par an, constitue pour notre collectivité un seuil minimal, très minimal, en regard des besoins.

Je prendrai quatre exemples pour montrer l’importance de ces besoins d’investissement :

1. L’école est, nous le savons, la première compétence obligatoire de la commune. Dans ce domaine, les besoins annuels d’entretien et de rénovation des cantines sont très importants, avec plus de 8 500 repas quotidiens : l’entretien annuel des écoles coûte en moyenne 2,5 millions d’euros. À cela s’ajoute la nécessité de faire face à la croissance démographique.

Eh oui, Montreuil est une ville attractive, en autres parce que « Nous sommes la France », avec notre centaine de nationalités différentes.

Avec plus de 111 000 habitant·e·s aujourd’hui nous aurons sans doute plus de 800 enfants à scolariser à l’horizon 2026. Au regard de cette démographie il va nous falloir programmer la construction au minimum d’une école quasiment à chaque mandature. Et sans oublier les crèches qui sont déjà trop peu nombreuses.

Nous ne pouvons pas prévoir de nouvelles écoles sans proposer un service public à la hauteur des enjeux de bien être individuel et collectif comme des équipements sportifs (gymnases actuellement déficitaires) et des équipements culturels ou de santé.

2. La programmation des deux chantiers de rénovation urbaine que sont les ANRU de la Noue et des Morillons est une bonne nouvelle pour les habitant·e·s. Mais les coûts sont importants et engagent notre collectivité pour des investissements lourds pour plusieurs années.

Se pose d’ailleurs la question de la logique de démolition parfois trop systématique des logements existants par les promoteurs qui conduit à déplacer des populations de quartiers populaire alors même qu’une réhabilitation ou rénovation de l’existant pourrait être envisagée en accord avec les habitant·e·s. et permettrait d’éviter une « gentrification » de certains quartiers.

3. La rénovation énergétique. C’est un enjeu crucial sous deux aspects. D’une part pour lutter contre le changement climatique. En effet, pour atteindre l’objectif d’avoir tous les logements français aux normes « basse consommation » d’ici 2050, le rythme de rénovation est pour l’instant 40 fois trop bas !

D’autre part parce que cette action est génératrice d’économies, et pour le service public, et pour les habitant·e·s. Or, on sait le poids que représente l’énergie dans les budgets des familles. Aujourd’hui nous avons 15% des foyers en situation de précarité énergétique à Est-Ensemble ! On le vit avec d’autant plus d’acuité en cette période d’inflation des prix, où la précarité est accentuée.

4. L’alimentation. On l’a constaté durant le confinement, des tensions sont apparues sur l’approvisionnement en fruits et légumes dans plusieurs quartiers de la ville, mettant à jour notre vulnérabilité, en cas de crise encore plus grave. L’autonomie alimentaire de l’Île-de-France est de 3 jours ! Ce n’est pas un hasard si la Ville de Paris achète du foncier en Île-de-France…

Le travail conduit pendant les États généraux de l’alimentation a, entre autres, mis en évidence, la nécessité de doter nos collectivités d’outils pérennes permettant de relocaliser une partie de la chaîne d’approvisionnement pour plus de résilience et pour répondre aux besoins en alimentation durable, de qualité et de proximité, accessibles à tous les budgets.

On le voit bien : les sommes nécessaires à investir pour faire face à ces besoins sont conséquentes.

Il en va de même pour le maintien d’un bon niveau de service public local, comme on l’a vu récemment avec un engagement fort de la Ville sur le plan sanitaire, notamment sur le centre de vaccination.

Or, la situation financière de la Ville comporte des limites. S’agissant des recettes, si nous avons connu d’importants flux provenant des droits de mutations, certaines sont exceptionnelles, et il est donc difficile de tabler de manière fiable sur un maintien au même niveau de cette ressource. Et le contexte économique général, comme l’a rappelé Philippe Lamarche, n’augure pas forcément de perspectives réjouissantes. L’inflation qui se développe, la plausible augmentation des taux d’intérêts qui aura un impact direct sur nos capacités d’emprunt, sont autant de facteurs que nous devons prendre en compte. Et, disons-le, qui vont nous conduire à faire des choix.

Pour nous écologistes, si nous sommes convaincu·e·s de la nécessité de répondre aux besoins des habitant·e·s, à travers les 4 exemples que j’ai donnés, nous sommes moins convaincu·e·s par d’autres options mises en débat, comme l’investissement de sommes très importantes dans la vidéo protection. Nous considérons que les dispositifs en vogue dans les discours sécuritaires n’ont pas fait la preuve de leur pertinence, et que les coûts générés par leur fonctionnement sont élevés.

S’il pouvait y avoir une certaine compréhension pour la mise en place de la vidéoverbalisation rue de Paris et boulevard de la Boissière, dans le but d’améliorer la fluidité des circulations, nous ne sommes pas convaincu·e·s par la nécessité de généraliser le dispositif.

Nous préférons la présence humaine : le renforcement des effectifs de la police municipale, et de la médiation sociale qui a fait ses preuves pour répondre aux mieux aux besoins des habitant·e·s dans de nombreux domaines.

Dernier point, d’apparence technique, mais qui est en fait très politique, sur la manière de construire notre budget, en y intégrant une approche de comptabilité analytique.

De la même façon que nous avons promu il y a quelques années la question du budget genré, pour vérifier que la volonté de respecter l’égalité femme-homme se traduise bien dans les choix budgétaires, nous nous félicitons de la volonté d’aller dans le même sens s’agissant de la question climatique.

En espérant tout de même que ça ne se passe pas comme pour le budget genré qui en est resté au stade de l’expérimentation à la direction des sports et de la jeunesse sous l’ancien mandat !

En effet, la perspective de conduire au niveau des villes d’Est ensemble, une évaluation de l’impact du budget sur la trajectoire carbone et les émissions de gaz à effet de serre, est décisive dans la lutte effective contre le changement climatique.

Nous savons que l’exercice est difficile, notamment pour les agent·e·s des directions des finances, que nous remercions aussi pour ce travail, mais c’est une initiative qui va dans le bon sens.

Je vous remercie.