Conseil municipal du 8 décembre 2021
Intervention de Wandrille Jumeaux sur les délibérations 1 à 6
Monsieur le Premier-adjoint,
Cher·e·s collègues,
En cette journée mondiale du climat, nous discutons ce soir des actions que la Ville de Montreuil entreprend ou va entreprendre pour développer et renforcer sa résilience.
Au nom du groupe écologiste, je me réjouis que ce type de débat se tienne dans cette instance, considérant d’une part la gravité et l’urgence de la crise écologique et climatique, et d’autre part notre devoir et notre responsabilité à agir, conformément à la déclaration d’état d’urgence climatique adoptée le 26 juin 2019 par le conseil municipal de Montreuil, et au mandat que les Montreuilloises et les Montreuillois nous ont confié au printemps 2020.
Il est très positif que l’objectif de résilience – bizarrement absent du projet politique de la majorité élaboré juste après l’élection – trouve aujourd’hui sa place parmi les priorités du mandat. Son caractère prioritaire ne doit pas être interprété comme suppléant d’autres enjeux ou questions locales, mais plutôt comme un cadre de réflexion stratégique transversal et une méthodologie d’action politique intégrée au service de l’aménagement durable de notre ville.
Le concept de résilience étant relativement nouveau et peu connu, il est utile d’en rappeler le sens, la définition. La résilience d’un territoire est définie par sa capacité (incluant donc celle des individus, des communautés, des institutions, des entreprises, des infrastructures (etc.) à continuer de fonctionner indépendamment des chocs majeurs (climatiques, industriels, économiques, sanitaires, terroristes, etc.), et en réduisant les stress chroniques (inégalités, pollutions, atteinte à la biodiversité, vieillissement d’infrastructures vitales, etc.) auxquels nous pouvons être confrontés.
Il s’agit donc d’une approche transversale qui doit nous inciter à redéfinir notre vision du développement urbain écologiquement soutenable, en proposant un nouveau cadre d’action pour atteindre concrètement les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre, et accompagner les populations les plus vulnérables dans les actions d’adaptation au changement climatique, tout en étant compatible avec la réalité des limites physiques planétaires. Il s’agit donc d’une approche au service de la transition écologique, solidaire et démocratique que nous appelons de nos vœux et qui guide notre action.
Les élu·e·s écologistes sont donc en soutien au développement des outils de résilience, dès lors qu’ils permettent de faire de la résilience un préalable utile aux politiques territoriales énergétiques, numériques, de planification et d’équipements. Nous sommes néanmoins vigilants au « résilience washing » qui consisterait à faire apparaître comme résiliente des actions traditionnelles, sans volonté de faire évoluer nos modalités d’action et d’intervention vers un renforcement de la capacité d’action des acteurs du territoire face aux risques et aux défis écologiques et sociaux.
C’est pour toutes ces raisons que nous voterons en faveur de l’adhésion de Montreuil à l’association « France Ville Durable » et à la convention d’objectifs et de financement afin de pouvoir former les élu·e·s et agents montreuillois à la résilience.
La résilience de Montreuil étant notamment une question d’aménagement durable du territoire, nous approuvons la Charte de la construction pour une Ville résiliente, élaborée par les services et le premier adjoint Gaylord Le Chequer. Elle vise notamment à :
- Rompre avec la culture du « bâtiment jetable » et choisir des matériaux durables et faciles à entretenir pour garantir la pérennité du bâti ;
- Poursuivre la démarche d’encadrement des prix de sortie des logements en accession privée ;
- Concevoir des logements évolutifs, qui peuvent s’adapter aux nouveaux besoins de télétravail et aux évolutions des familles ;
- Proposer des espaces extérieurs pour tous les logements ;
- Repérer, protéger et renforcer la faune et la flore en ville.
L’adoption de cette charte est donc cohérente avec celle de la charte de l’Arbre, adoptée le 20 octobre dernier pour adopter des pratiques respectueuses de chaque arbre et protectrices de leur intégrité.
Elle est aussi complémentaire de l’ouverture d’une pépinière locale située dans la ZAC Boissière-Acacia, destinée à faire grandir des arbres appelés à être plantés sur le territoire communal afin d’alimenter la Promenade des Hauteurs et renforcer la trame verte de Montreuil. L’ensemble de ces actions doit nous permettre de renforcer notre capacité à faire face aux canicules, de plus en plus fortes et fréquentes.
Nous approuvons également l’adhésion au Pacte Bois Biosourcés de l’association FiBois Île-de-France, afin d’utiliser moins de béton et plus de matériaux biosourcés produit localement dans nos constructions, et en favorisant la rénovation plutôt que la destruction-reconstruction de neuf, afin d’économiser de l’énergie et des ressources.
L’action de Montreuil ne saurait être isolée de celle de ces partenaires et voisins. C’est la raison pour laquelle l’entrée d’Est-Ensemble au capital de la SEMIMO est utile et intéressante, tout comme la création d’une SPL pour faciliter les partenariats avec Est-Ensemble sur les projets d’aménagement ambitieux en termes de transition écologique. Cette SPL 100 % publique nous permettra de mettre en œuvre un contrôle resserré de certains projets ou services, afin d’en assurer la cohérence avec les enjeux de transition écologique, de résilience, et de qualité du service public. Ça sera le cas par exemple sur la rénovation énergétique des bâtiments publics, la réduction de la place de la voiture et – nous l’espérons – la lutte contre l’étalement urbain, afin de créer et préserver des espaces verts aux abords du futur Tram T1.
Nous saluons que la SPL ait dans son objet social le développement des énergies renouvelables sur notre territoire. Nous, élu·e·s écologistes, souhaitons continuer à être précurseurs dans ce domaine comme la Ville le fût avec l’installation photovoltaïque «Les Toits Bleus de Montreuil » qui a fêté ses 20 ans récemment et qui a montré qu’il était possible de consommer localement l’énergie produite, avec l’auto-consommation par l’OPHM.
Voir large, penser aux partenaires, c’est non seulement travailler avec France Ville Durable, l’ADEME et les SEM ou SPL du territoire, mais c’est aussi renforcer nos coopérations territoriales avec Paris, le Département, la Région, la Métropole et nos voisins.
Je pense important d’indiquer que la politique municipale de résilience de Montreuil doit aussi guider les réflexions conduites au niveau d’Est-Ensemble et – à terme – s’inscrire dans une stratégie territoriale de résilience à l’échelle de l’EPT.
C’est ce à quoi nous travaillons déjà ensemble, étape par étape, à travers :
- la Convention citoyenne pour le climat (qui se réunit une nouvelle fois ce week-end avec une centaine d’habitant·e·s tiré·e·s au sort) ;
- la mise en œuvre des actions d’aménagement durable comme la Promenade des Hauteurs ou la réhabilitation des Portes de Montreuil et Bagnolet ;
- l’actualisation du Plan Climat Air Énergie d’Est Ensemble, qui intégrera la question de la résilience environnementale des 9 communes membres.
Pour finir, j’ai la conviction que c’est également à l’échelle des 9 villes – et des ressources mutualisées à l’EPT – que nous pourrons non seulement faire profiter nos partenaires de nos avancées mais aussi travailler ensemble à aller plus loin en matière de gouvernance et de gestion de crise, de SIG et de renforcement des connaissances des techniques de réversibilité des infrastructures vertes. L’objectif est notamment d’investir chaque année dans des équipements dont l’usage est pensé sur le temps long et pour des usages variés, y compris en situation de crise.
Pour ce travail à l’échelle de la ville et d’Est Ensemble, vous pouvez compter sur nous, vous pouvez compter sur moi.
Je vous remercie de votre attention.