Vœu du conseil Municipal du 2 juin 2021
Considérant que Jérusalem est depuis près d’un mois le théâtre d’événements graves, d’une violence inouïe qui, si elle se poursuivait, pourrait menacer la paix dans la région, et par extension dans le monde ;
Considérant l’interdiction faite aux Palestiniens par la police israélienne d’accéder à la place de la Porte de Damas ainsi que la violence et les arrestations dont l’armée israélienne s’est rendue coupable envers les Palestiniens ;
Considérant que la Ville de Montreuil, avec plusieurs collectivités françaises ayant des projets de coopération à Jérusalem-Est, s’inquiète de la menace d’expulsion qui pèse sur les Palestiniens au quotidien ;
Considérant la colonisation galopante et illégale de Jérusalem-Est, mise en place par le pouvoir allié avec l’extrême droite de Benyamin Netanyahou ;
Considérant que la France est membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU et que l’ONU a rappelé que le déplacement forcé de civils par la puissance occupante était illégal au regard du droit international, et « pouvait s’apparenter à des crimes de guerre » ;
Considérant que le bilan, très lourd, ne cesse de s’aggraver. Une de fois de plus, les populations civiles palestiniennes et israéliennes qui subissent les plus graves conséquences des échecs de leurs dirigeants politiques, qui peinent à négocier une paix juste et durable pour les Palestiniens et les Israéliens ;
Considérant la résolution du Parlement français adopté en 2014 pour la reconnaissance de l’État de Palestine ;
Considérant que le cessez-le-feu annoncé dernièrement n’est pas encore la paix, ni le rétablissement du droit et de l’équité, cette trêve doit permettre d’instaurer la solution politique attendue depuis des décennies pour une paix juste et durable, la reconnaissance de deux états, la fin du processus de colonisation et d’annexion de la Palestine occupée et la levée du blocus à Gaza ;
Considérant les spoliations des maisons et des biens des Palestiniens vivant à Jérusalem-Est et notamment dans les quartiers de Sheikh Jarrah, Batn El Hawa et Silwan ;
Considérant que la Ville de Montreuil a concrétisé un partenariat avec la Fédération Sportive et Gymnique du Travail (FSGT) auprès du centre culturel et social Al Bustan à Jérusalem-Est, à travers le développement de projets de coopération « sport pour toutes et tous » qui visent l’émancipation des Palestiniens, ainsi que dans le cadre de la coopération décentralisée entre les Villes de Montreuil et de Beit Sira pour un projet similaire (en direction des femmes et des personnes handicapées en particulier) ;
Considérant que la situation sanitaire a eu un effet catastrophique sur l’économie du village Beit Sira. Avant le covid-19 le taux de chômage avoisinait le 15%, ce taux a grimpé à 38 % à cause de la pandémie. Il est à noter que, depuis le début de la crise sanitaire, les autorités israéliennes refusent d’accorder aux ouvriers palestiniens des permis pour entrer en Israël ;
Considérant qu’il y a urgence à ce que la France et l’Europe mènent une action diplomatique d’envergure pour imposer aux autorités israéliennes le droit des Palestiniens de vivre à Jérusalem Est, dans le respect des conventions internationales ;
Considérant que la mise en garde à vue de Bertrand Heilbronn, président de l’Association France Palestine Solidarité, et l’interdiction de plusieurs manifestations et rassemblements pacifiques témoignent d’une violation du droit de manifester ;
Considérant que l’État d’Israël doit permettre et garantir l’exercice du droit aux libertés d’expression, d’association et de réunion y compris par ceux qui protestent contre les expulsions ;
Sur proposition de la Majorité municipale le Conseil Municipal émet le vœu de :
- Demander au ministère de l’Europe et des Affaires étrangères de condamner fermement les violences et de réagir à la menace d’expulsion des Palestiniens à Jérusalem-Est ;
- Demander au ministère de l’Europe et des Affaires étrangères la protection totale et la pérennisation des projets de coopération décentralisée des collectivités françaises en Palestine ;
- Interpeller au nom de la démocratie le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin et le préfet Georges-François Leclerc de Seine-Saint-Denis afin qu’ils garantissent le libre exercice du droit de manifester son soutien au peuple palestinien, conformément aux principes généraux de la République ;
- Réaffirmer son soutien à toutes celles et tous ceux qui œuvrent pour la paix qu’ils soient israéliens ou palestiniens et au respect du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. L’égalité des droits entre les peuples palestinien et israélien est la seule issue possible pour parvenir à une paix juste et durable.